Le souffle de Spartacus ou la voix d’un
artiste
Avant-propos
Spartacus, dans la Rome Antique, a voulu
briser son esclavage en fomentant une révolte contre ses maîtres.
Les maîtres modernes, qui briment notre
liberté, épousent la théorie du capital, adorent l’argent, tiennent la bride de
la pensée religieuse et de la doctrine philosophique.
Contre ces formes d’aliénation et
d’asservissement, le poète, un artiste animé par le souffle de Spartacus,
s’insurge. Il mène son combat avec l’arme singulière de l’amour qu’il porte à
Roxanne, sa bien-aimée, et par la pratique de son art.
Ce poète a bien voulu que je lui prête
des éléments de ma vie personnelle que j’ai agrémentés de fiction pour lui
permettre de fourbir ses armes et pour mettre en valeur sa nature propre.
La lutte qu’il mène se déroule en trois
épisodes; le premier fait ressortir sa dépendance affective; le second lui
permet de vaincre ses peurs et d’affirmer sa spécificité en tant qu’artiste; le
dernier lui fait retrouver l’essentiel : comme tout homme, l’artiste se
fond dans le Grand Tout et sa mort est sa véritable récompense.
Ce recueil s’adresse au plus grand
nombre. C’est à mon sens une erreur de vouloir réserver la poésie à une caste
de privilégiés qui seuls peuvent se permettre d’en décoder les symboles.
Jacques Prévert, ce vrai révolutionnaire
de la poésie moderne, aussi important que Pablo Picasso dans le domaine
pictural, avait compris que la simplicité, le naturel et le vrai façonnent les
oeuvres poétiques durables.
Trop souvent, hélas, ceux qui s’adonnent
à la pratique de cet art en connaissent les techniques savantes alors qu’il
leur manque l’essentiel : la sincérité, le coeur, et surtout le talent
artistique.
Première partie : Roxanne, un amour de chair et de cendres
Le présent
Roxanne, le
grand amour de ma vie, est décédée.
Par les
fenêtres de tes yeux, Roxanne
J’ai vu ton
âme partir
En filigrane
vers je ne sais où
J’ai eu peur
de mourir
Sans pouvoir
tresser ton sourire
Une dernière
fois
J’ai pleuré
notre amour de glaise
Enfoui au cimetière
Sous l’humus
de ma mère
Tu m’as fait
éclater de rire
En imitant
des mots d’enfant
Gonflés de
monstres et de géants
Dans les
reflets de ta chevelure noir de jais
La pâleur de
nos serments m’étonna
Et comme la
Rose des vents
Je girouette
en songeant
Qu’il ne me
reste que le présent
Première
rencontre
Tu étais
tellement belle Roxanne que j’ai été ébloui par toi.
Mes yeux
vacillant dans leur prunelle
Devant
l’éblouissement de toi si belle
Se ferment
complètement
Comme
menottes d’enfant
Je vois glisser
paresseusement
Un fier
voilier blanc
Sur une mer
narquoise
J’écris ton
nom sur de l’ardoise
Compte les
nuages de mousseline
De ta robe
qui me fascine
Et te couvre
de mille baisers
Jamais la
vie n’aura été plus belle
Qu’en cet
instant
Qui célèbre notre
premier amour
Et tes
dix-sept ans
Photo de
mariage
Je te revois
avec ta superbe robe de mariée dans une église remplie d’encens.
Dans ta
superbe robe de mariée
Tissée dans
le givre de janvier
Tu
t’avançais dans la nef
Plus vraie
qu’une princesse
Devant les
vitraux de la cathédrale
Des volutes
d’encens
S’étourdissaient
en dansant
Quand vint
le temps
De se dire
amour
Tes mots
coulèrent en perles d’eau
Vive les
mariés!
Ce moment
a-t-il existé
Ou l’ai-je
inventé
Dans ma
vieillesse dorée?
Geneviève
Les premiers
pas de Geneviève, notre fille, m’ont ému. Mais, à son
adolescence, je ne savais plus comment la diriger.
adolescence, je ne savais plus comment la diriger.
Les bulles
d’or de son babillage
Flottaient
au-dessus de son berceau
Comme des
esquifs graciles
Sur une mer
indocile
Ses premiers
pas, son premier combat,
Mirent du
soleil dans mes yeux
Mais quand
vint le temps
De déchirer
la robe blanche
Des poupées
de son enfance
Comme le
jongleur
Qui craint
l’erreur
J’ai patiné
Sur les
grands lacs glacés
À
l’intérieur de moi-même
La chute
J’ai commencé
à éprouver des problèmes de panique.
Je suis allé faire soigner mon âme.
Je suis allé faire soigner mon âme.
Comme des
vagues gratte-ciels
Brisent les
esquifs téméraires
Des pensées
de mort prochaine
M’aspirèrent
dans l’entonnoir
De
l’épouvante infinie
Mon corps
perdu criant au capitaine
Courut aux
soins d’urgence
Où tel
médecin apaisa mon enfer
Avec des
solutés calmants
Il
diagnostiqua une brûlure de l’âme
Nécessitant
mille points de repos
Au refuge
J’ai connu
l’hôpital où l’on soigne avec des médicaments au lieu de paroles apaisantes.
Des murs
tachés de blanc
La sentence
sèche du repos
Des pilules
à la place des mots
Des piqûres
en guise de contact humain
Défilement
d’infirmières en notes blanches
Leur cœur
battant au rythme
De leur
partition syndicale
Parade de
psychiatres robotiques
Soupesant
chaque phrase
Sur leur
balance lexicale
Dans ces
lieux interminables
Aucun soleil
définissable
Aucun jour
de braise
Nulle
senteur de fraise
Mais des
plaintes
Mais des
plaintes
Mes deux
amours
Geneviève à
l’âge où on tombe en amour ne songeait qu’au suicide et elle passa à l’acte.
Au temps des
pommettes rouges de l’amour
Geneviève
livide emmurée dans ses os
Avec la mort
pour seul appétit
Se détacha
de la vie
Comme
feuille de l’arbre
Pourquoi se
presser
Quand on a
toute la nuit devant soi?
Roxanne fit
une croix de cimetière
Sur notre
relation
Encore sous
le choc
Je ne savais
vraiment quoi faire. J’étais déboussolé et j’avais peur.
Contre ma
vie qui s’écroulait
Comme un
château de cartes
Je crachai
seul tout mon silence
Un équilibriste
de l’âme
Écouta mes
mots sauvages
Hurlants de
la forêt de mon langage
J’avais peur
du vent
J’avais peur
du ciel
J’avais peur
de moi
Le naufrage
À la suite
de la mort de Geneviève et la rupture avec Roxanne, le désespoir m’envahit.
Cette mort
et cette rupture
Trop grandes
pour ma voilure
Déchirèrent
le pavillon noir de mon âme
Ma peine
plus grinçante
Que le cri
du corbeau
Glaça
d’effroi ma nuit quiète
Comme un
amant
Caresse
l’abdomen de sa belle
Je passai
des jours entiers
À palper le
ventre rond
Des
bouteilles fines
Et
l’incendie de la plus soif
Fit rage
dans chacune des pores de ma peau
Les dragées
cannibales
Je
surconsommai des médicaments qui me firent perdre contact avec la réalité.
Avec des
pilules collées à ma vie
Comme de la
gomme au talon
Le départ de
Roxanne
Telle une
arête
Restait
coincé au fond de ma gorge
Dans ces
jours comprimés
De combats
Nulle danse
érotique
Pour
lumière, des lampadaires
En ligne de
soldats
Pour repas,
des dragées cannibales
Bouffant
tout l’humain :
Colère, tristesse,
ennui
Je me
sentais coupable
J’anxiogènais
une punition
Mais
laquelle?
Le mirage du
sexe
Il me
restait le sexe à explorer. J’en éprouvais une immense sensation de vide.
Avoir du
plomb dans l’amour
Empêche
d’oublier
Pour
m’étourdir
Je
multipliai les aventures
Les mariages
du sexe
Sont
toujours pareils :
Baisers
mécaniques
Enlacements
techniques
Je vibrais
encore
Sur la
symphonie de Roxanne
Que fais-tu,
Roxanne
En ce
moment?
La décision
J’ai décidé
de prendre le taureau par les cornes et d’affronter mes peurs.
Las de me
sentir gelé
Comme une
gouttelette
Sur la corde
du petit matin
Faisant fi
du Noroît
J’ai décidé
de détatouer mes peurs
De refaire
mes griffes
Une à une
Pour
affronter ma vie
Dans ses
combats existentiels
L’homme se
bat tout nu
Plein cap
sur la santé!
L’artiste
Des images
de liberté trottinaient dans ma tête, je pris la décision de vivre
conformément à ma nature et à mon tempérament, celui d’un artiste.
conformément à ma nature et à mon tempérament, celui d’un artiste.
L’artiste,
cheval sauvage
Gambade dans
le vert des prairies
Pendant que la
société
Le mors aux
dents
Produit des
fers à cheval
Tu rêves,
rechignait ma mère
Tu ne
travailles pas, ajoutait mon père
Pourtant,
artiste du ciel
Le nuage
peint l’azur
Nourrit le
blé
Abreuve la
forêt
Habille
l’hiver
L’artiste de
la terre
Rend les cœurs
moins froids
Il fait
éclore les œufs d’amour
Qui font les
enfants
Et la
société répète : tu ne sers à rien
Envers et
contre tous, j’ai accepté
De vivre en
artiste
L’homme
riche
On a beau
être riche à millions, la mort nous attend et les héritiers font fondre la
succession.
Avec son nom
écrit
En lettres
d’or à la banque
En lettres
friables sur son épitaphe
Mon ami
Marcel, millionnaire
Seul dans
son trou
Est pauvre
pour toujours
Ses enfants,
héritiers voraces
Comme des
chiens
Sucent les
os de sa succession
L’argent
brille tout le jour
Mais dans la
nuit de la finance
Le dollar et
l’or se confondent
La
spiritualité
L’homme est
en quête de sens. Même les choses les plus simples, les plus humbles ont un
sens.
L’homme fine
fleur des étoiles
S’abreuve de
spiritualité
Comme les
nuages d’eau
Je suis seul
et je frissonne
Dans mon
froid religieux
J’erre comme
le pollen
Détaché de
sa tige
La fleur
est-elle inutile
Quand elle
dit bonjour
Et qu’elle
fixe le Soleil
Droit dans
les yeux?
L’heure
juste
Mon plus vif
désir est de retrouver Roxanne.
Après la
mort d’un être cher
Il faut
remonter l’horloge de l’amour
Vigie,
vois-tu poindre à l’attention
La grande
aiguille de Roxanne?
A-t-elle
refermé sur elle
La porte du
pardon
Elle qui
réparait les plaies d’amour
Par les
battements de son cœur
Roxanne,
dis-moi l’heure juste :
Y a-t-il des
choses impardonnables?
La jalousie
En voyant
Roxanne aux bras d’un autre, la jalousie s’est emparée de moi. Que faire pour
la reconquérir ?
Sur la rue,
j’ai entrevu Roxanne
Au bras d’un
autre
La jalousie
m’a glacé le dos
Sans lainage
affectif
Je suis la
proie des intempéries
J’ai
multiplié les pas
Pour
m’éloigner de ma peine
Mais le
linceul de Geneviève
S’agitait
dans mon ciel
Comme un
échec noir
Comment dire
à Roxanne
Que j’existe
encore
Et qu’elle
compte pour moi?
Le pardon
Roxanne a
accepté de me rencontrer dans un café. L’espoir a repris.
Par un jour
violet et sec
Assise à une
terrasse
Devant le
café de la vérité
Roxanne a
déplumé notre relation
Geneviève,
petite truite vive
A mordu à
l’hameçon de la mort
Après avoir
nagé en eaux troubles
Pour t’avoir
pris pour un dieu
Et, moi
aussi, je me suis inquiétée
De la carie
de ton âme
Mais je
connais le chêne en toi
Que le tison
de Geneviève refroidisse
Ensemble,
nous formerons une île nouvelle
Le réveil
Cette
rencontre a décuplé mon énergie. Je me suis mis à rêver à nouveau.
En marchant
d’un pas de soldat
Le fouet de
la nature
A dégraissé
mes tensions
Et mon
angoisse éléphantesque
En croquant
dans la pomme de la vie
Le jus de
l’énergie a giclé de mes entrailles
Et tel un
ressuscité
J’ai trouvé
un second souffle
Des sons
nouveaux ont rempli
Mes oreilles
d’une musique aérienne
Et j’ai rêvé
aux seins des jeunes filles
J’ai mis mon
chapeau
Pour
attraper le soleil
Mes pensées
négatives ont fondu
Comme une
sculpture de glace
Se liquéfie
sous la pluie
J’étais
encore amoureux de Roxanne
Un rêve
fugitif
J’ai revu la
mer où nous sommes allés. La sensation de la présence de Roxanne près de moi
était si forte que je sentais même l’odeur de son parfum.
était si forte que je sentais même l’odeur de son parfum.
Nous
marchions sur une longue plage
D’un sable
couleur de blé
La mer au
rire sonore
Nous léchait
les orteils
Comme un
chien lape
De l’eau
échappée sur le sol
La lune
grisonnait
À moitié
timide
En glissant
dans la nuit
Sur un
traîneau d’étoiles
Roxanne
sentait le lilas
Et ses yeux
empourprés de notre amour
Déclamaient
mille serments
Plus doux
que de la soie
L’espoir
L’idée de
pouvoir faire ce que j’aimais m’enthousiasmait.
Roxanne
avait jeté une bûche d’érable
Sur les
braises de notre amour
Ravivant ma
flamme d’artiste pur
Hostile au
succès qui gave
À la
richesse qui foudroie
À la gloire
qui broie
J’avais le
goût d’être moi-même
De dessiner
des lignes pures
D’articuler
des pensées claires
De créer des
personnages
Lumineux
comme des icebergs
Se découpant
sur fond d’azur
Étais-je le
maître de cette création
Ou la voix
d’une Muse astrale
Inspirée par
un dieu?
Un peu de
musique
Souvenirs de
ma mère musicienne qui calmait ses peines et ses angoisses en jouant du piano.
À travers ces vibrations sonores, l’image pure de Roxanne se dessinait.
À travers ces vibrations sonores, l’image pure de Roxanne se dessinait.
Quand nous
partions du nid
Ma mère pour
prendre son envol
Confiait au
piano ses émotions
Ses doigts
frissonnaient sur le clavier
En jouant le
froid de ses jours
Le piquant
de ses peines
Et ses éblouissements
de femme
L’onde douce
de la voix de Roxanne
Se mariait
au concerto de ma mère
Comme la
forêt écoute l’oiseau
Je voudrais
entendre ta voix, mon amour
L’arrimage
incertain
Roxanne et
moi, nous nous sommes retrouvés. Mais ne valait-il pas
mieux que nos liens se dissolvent comme du brouillard ?
mieux que nos liens se dissolvent comme du brouillard ?
Comme les
pointes d’une ballerine
Les lettres
fines de l’écriture de Roxanne
Sautillaient
sur son invitation à dîner
Nous nous
sommes enlacés
Et nos
bouches ont dessiné des O
De
retrouvailles
Buées des paroles
de ma bien-aimée
Sur la vitre
de mes yeux
À l’annonce
d’un verdict cinglant :
Le cancer la
tenait par ses griffes
Nous
parlions avec douceur de notre demain
De peur que
notre dialogue ne se brise
Comme une
coupe de champagne qu’on échappe
À quoi bon
s’arrimer, mon amour
Quand la
mort coule dans mes veines
Et que
j’entends déjà sur l’autre rive
La voix
déchirante de Geneviève?
Elle et moi
Il fallait
profiter de chaque seconde. Combien de temps nous restait-il ?
Dans un
bruissement de rires
Roxanne
s’est glissée sur moi
Comme
l’oiseau se pose
Pour
nidifier son amour
Complices
comme des complices
Nous
mettions en commun
Dans un
trésor de plaisirs
Chaque éclat
de soleil
Chaque
croissant de lune
Chaque
promenade sans but
Chaque mot,
chaque silence
La plus
belle, Roxanne
Partageait
ma vie
Pour combien
de temps?
Le clone
astral
Mort de
Roxanne. Son denier adieu prit la forme d’une blague faite à ses infirmiers.
Comme la
fumée sort d’une cheminée
Roxanne, au
zénith du premier mars
S’est
échappée de son corps
Avant
d’enfanter son clone astral
Elle a
murmuré aux infirmiers :
« Messieurs,
il est dix heures,
C’est
l’heure d’aller vous coucher! »
La cicatrice
Je devais
continuer à vivre pour témoigner de la vérité de notre amour.
Des jours
gris sombre, longs, longs
J’ai vidé le
carquois de ma colère
Comme un
archer
Qui tire ses
flèches au soleil
Et j’ai
pleuré à gros bouillon
Mon amour de
poussière
Un soir
orangé, près d’un lac
Vaguelettes
frissonnant sous le vent
Les paroles
de ma muse Roxanne
Ont frôlé
mes tympans :
J’ai cessé
d’exister pour que tu vives
Pour que les
autres aient moins froid
Pour que tu
donnes ton pain
Pour que tu
déposes les armes
Pour que tu
chasses le mépris
Pour que tu
parles avec ton prochain
Pour que tu
aimes à la folie
Cimetière
Je suis allé
rendre visite aux miens au cimetière. J’ai fait serment que je vivrais avec
Roxanne en dépit de sa mort.
Dans le
carré des morts
Emmitouflés
dans leur silence
À l’abri des
peines et des peurs
De Pierre à
Joseph
De Joseph à
Pierre
En passant
par Aldéric
Lucile et
Geneviève
Ils sont
tous là
À l’affût de
mon dernier serment :
Roxanne, mon
amour
De chair et
de cendres
Ma compagne
plus douce
Que le sable
des dunes
Ma muse
d’harmonie
Lorsque le
vent des aurores boréales
Sifflera mon
nom d’artiste
Dans un écho
retentissant
Par tout
l’univers, je crierai :
C’est avec
toi que je veux être éternel!
Deuxième
partie :
L’artiste
Que
faisaient les artistes anciens, les jours de grisaille ? Depuis le départ de
Roxanne,
je dessine comme un aveugle, en m’efforçant de ne pas perdre ma dignité.
je dessine comme un aveugle, en m’efforçant de ne pas perdre ma dignité.
Immense lac
gelé
Blanc comme
une banquise
Toile
blanche de mon premier dimanche
Orphelin qui
s’ennuie
Des lustres
auparavant
À l’abri des
cavernes
L’artiste
écoulait les heures
En piégeant
les traits des animaux
La rosée des
fleurs
L’oeil blanc
des nuages
Sur le grès
des grottes
Désormais
dessins sans modèle
Pain de mon
amour que je romps
Avec mes
parents, mes frères
Le tatouage
de la pauvreté sur la peau
Sans
suceventions
Qui
m’obligeraient à baiser la culotte
De la
Moumoune de la Culture
Comme tous
ces valets des arts
En mal de
renommée
Je me sens
digne de Roxanne
Fine Amélie
Souvenirs
d’Amélie, mon amour d’adolescence.
Délicate
fleur de ma jeunesse
Tu
remplissais ma corbeille d’amour
De tes
gerbes de fous rires
Tambourinant
le sol de tes pas
Vers nos
rendez-vous
Comme une
souris
Tu allumais
le feu de mes yeux
Fusion de
nos coeurs
Avec les
aurores boréales
La fougère
de notre amour s’est déracinée
Prématurément
Tu partis
pour l’Afrique
Aurions-nous
bien vieilli ensemble ?
Quand le
temps mauvais maussade
Dans cet
amour troué
Je bénis la
rencontre avec Roxanne
L’heure du
choix
Qu’advient-il
après la mort? Si tout meurt et que meurt l’amour, pourquoi s’aimer ?
Univers en
collier d’or
Ou diamant
noir
Quand
l’amour se putrifie en cadavre ?
Pour ce
grand bal avec le destin
Roxanne
avait-elle revêtu
Ses plus
beaux atours ?
Remous du
doute :
L’amour vrai
se casse-t-il comme du sucre?
Comme la
nuit clôt les paupières d’une fleur
Le chagrin
m’enveloppe
L’encens
d’un grand amour
Se
consume-t-il ainsi ?
Ma foi
Une bonne
partie de ma vie a été empoisonnée par les religieux.
Jusqu’à
l’âge adulte
Les curés
m’ont entarté avec la farine
De leurs
sermons dominicaux
Religion
frappée du mépris de la chair
Pourtant
l’homme provient de la chair de l’homme
Mes maîtres
enseignants
Prêtres à
maman
Sous la jupe
du Vatican
Ce veau d’or
catholique
Ont plombé
ma conscience
Des péchés
de la chair
Pendant
qu’ils faisaient les coqs
Auprès des
enfants pubères
Belle race
d’hypocrites
Une vocation
plombée
J’étais
devenu avocat et mes parents étaient tellement fiers d’avoir un raton laveur
dans leur maison !
Carnaval de
graduation
Sous le
masque d’avocat
Pour plaire
à mes parents
Et donner la
patte à mes bons maîtres
Judas de mes
propres désirs
Mon cœur
ferraillait
Depuis mille
soleils
La bonne
société donne ses beaux emplois
À ceux qui
s’engraissent de diplômes
Et réserve
sa porcherie
Des taches
ingrates et minables
À ceux qui
n’en ont pas :
Les artistes
La vie de
troupeau m’attendait
Avocat
Je
n’adhérais pas à la philosophie mercantile de la profession. Je me sentais un
pur étranger devant ces exploiteurs.
Prisonnier
des rayures noires de mon habit
Couvert des
lauriers du succès
Et de mon
beau diplôme
Luisant
comme un oeuf
Me voilà
membre du Barreau
Appelez-moi
« Maître »
Je frétille
comme une truite
L’eau se
trouble
Dans le
marais des litiges
D’énormes
crocodiles de toges vêtus
Excités par
l’argent frais des riches
Mordent au
sang
Tous les
pauvres
Les miséreux
ont-ils des droits ?
Cette
communauté juridique
Machine à
sous
Me révulsait
La ligne
rouge
Conformément
à ce qu’on croit : le Droit protège les plus forts au détriment des plus
faibles.
Malbouffe
qui arrondit le ventre des ados
La ligne
rouge de mes dettes
S’épaississait
Mon banquier
devenu fou
De rage
financière
Tel un
carnassier
Voulut
enfoncer ses crocs
Dans mon
humble patrimoine
Nuits
d’angoisse
Où les loups
font la loi
La Société
moque la Justice
En
l’habillant de ses guenilles
Tandis
qu’elle parait le Droit
De ses plus
belles étoffes
Étais-je à
ma place
Dans ce
Milieu?
Fonctionnaire
Après la
meute des loups, il fallait bien que je gagne ma croûte.
Pour gagner
ma croûte
Je me fis
dorer comme du poulet
Sous la
grande broche étatique
Avec la
sauce des avantages antisociaux
Privilège du
fonctionnaire
Comme on
offre un produit
J’avais
vendu mon âme
À la
fonction publique
Et mis sous
scellé tous mes rêves
Sauf celui
de la retraite
Devant des
patrons croque-morts
Promenant
mon cadavre
De ministère
en ministère
Au fil des
concours trafiqués
Je guettais
le temps des pauses
Parmi ces
violettes québécoises
En faisant à
certains un pied de nez
À d’autres
un doigt d’honneur
Suivant mon
humeur
Et malgré le
règlement
Dans ce
jardin botanique
Je montai en
graine
En
engraissant mes classeurs
Avec des peu
Le plus
souvent, avec des riens
Pendant que
la société me gavait
En crachant
sur les pauvres
La vie
sert-elle à cela ?
Ni avocat,
ni fonctionnaire
Ma mauvaise
orientation professionnelle nourrissait mes crises de panique.
Effets de
manche spectaculaires
Tours de
passe-passe
Lettres qui
terrorisent
Je
connaissais tous les trucs d’avocat
Je pouvais
même japper sur demande
En faisant
gronder ma voix
Comme les as
du prétoire
Mon cœur
éructait de dégoût
Alternative :
adorer des directives
En abaissant
la queue
Comme
catholiques devant l’hostie
Chaque nuit
des oiseaux d’effroi
En bandes
innombrables
Me remuaient
Pendant que
le couteau de la foudre
Dépeçait des
pans entiers de mes aurores
Las d’être
bourreau et robot à la fois
Je cassai
chacune de mes chaînes
Semant
l’épouvante chez la gent domestiquée
Des bouffées
d’air pur
M’emplirent
les narines
Les
premières !
Ma révolte
Ce qui est
légal n’est pas un gage d’honnêteté, ni de propreté ni de moralité.
Dans l’ombre
de la société moderne
Se profilent
les fers des esclaves anciens
Hypothèque
abusive
Prêts
usuraires
Emprunt
bissé pour une automobile
Cellulaire
payé cent fois
Quelle
escroquerie!
Pour quels
aigrefins travaillons-nous ?
Pourquoi
nourrir ces parasites ?
Pour se
faire broyer les os dans la douleur ?
Pour bouffer
des pilules antistress ?
Pour crever
dans un bureau sans soleil ?
Produire,
produire, produire
Pour mettre
des plumes
Dans
l’oreiller de notre cercueil ?
Pour nous
acheter des pompes neuves
Pour nos
pompes heureuses ?
Esclave de
mes dettes
Pour la
bonne société
Je suis une
bonne carte de crédit
Mon âme
a-t-elle un prix ?
Le vol
perpétuel
Sur terre,
il y a de la richesse en quantité suffisante pour tous, mais les prédateurs
foisonnent.
D’où les inégalités, les injustices.
D’où les inégalités, les injustices.
La Terre et
ses richesses pour tous
Le profit
est du vol légalisé
La
prescription tampon légal
Qui justifie
le vol
Ce lopin de
terre pour tel roi
Pour tel
seigneur cette forêt giboyeuse
Pour
Charlemagne, pour Napoléon
Pour Hitler
Ces grands
voleurs de territoires
Et de biens
publics
Sous le
regard complice
De la loi
Aiguilles de
l’horloge qui s’affolent
Bientôt la
mort sonnera l’alarme
Et ce sera
l’infini
Ce Grand
Tout
Dans lequel
s’engouffreront
Tous ces
riens et ces vauriens
Corruption
Le monde de
la culture n’échappe pas au pouvoir de l’argent.
L’américanor,
venin de la culture
Tache l’âme
des artistes
Chaque œuvre
de l’esprit
A son poids
commercial
La
spéculation
Telle une
dague mortelle
Percera
l’armure capitaliste
L’argent
fera périr l’argent
Et tous ces
fils à papa
Ces membres
de la jet-set
De sang vert
ou bleu
Et tous ces
artistes de l’esbroufe
Ces faux
dieux d’Hollywood
Seront
balayés comme des rebuts
Pendant que
Brel chantera Orly
La
séparation de deux amoureux
Une chanson
de dix sous
Plus
percutante qu’un film à gros budget
La mort
seule justice
Amour
Tous les
êtres humains ont soif d’amour. L’amour ne rassasie pas.
Sans amour
feu de camp
Qui fait
encore pétiller mes yeux
Comme tisons
vifs
Je meurs
Pour Victor,
mon ami, plus seul qu’une écorce
Pour Marc
qui a besoin de doux baisers
Pour Luc,
qui rêve de froufrous
Et qui tous
frissonnent de peur
Que naisse
une femme douce
On a tous
besoin d’amour
Pelisse de
chat sauvage
Qui éloigne
nos peurs
Sinon on
veut s’enfuir
Le poète
J’ai choisi
la poésie pour donner mon amour.
Comme une
plume
Qui tombe du
nid
J’écris des
poèmes
Pour que mon
cri d’amour
Transperce
les veines de mes lecteurs
Mes mots
flottent dans le vent
Comme une
pluie de confettis
J’ouvre la
grande la fleur de mon cœur
Pour que mes
frères respirent son odeur
Pourquoi
vendrais-je chez la fleuriste
Cette fleur
de Spartacus ?
L’art est
gratuit
La nature
nous montre que l’homme en monnayant tout fait fausse route.
Dans le ciel
les nuages écrivent
Le roman de
l’éphémère
Le ciel
prend sa pause
Pour le
photographe
La Lune
s’étonne de sa pâleur
Devant son
miroir bleu de terre
Les étoiles
ont-elles un prix ?
Combien pour
cet air pur ?
Que valent
les saisons ?
Quel est le
prix de la mer Rouge
Et celui des
marées poissonneuses ?
Combien
coûte ce chêne ?
Cet orignal
est-il en solde ?
Cette
mésange court-elle le cachet ?
L’air, le
vent, la pluie, les saisons
Les couchers
de soleil, les nuages
N’ont aucun
prix
Sur cette
terre
Toute ma
vie, la Beauté m’a émerveillé.
Sur cette
terre
Mes pattes
d’oiseau
Plus
maladroites
Que les pas
d’un enfant
Premier
souffle
Une flamme
qui lèche une bûche d’érable
Premier
regard
Une forêt
d’automne
Je respire
l’haleine des fleurs
Mes passions
brulantes embrasent des forêts
Pourquoi
éteindrais-je le feu
De mon
lance-flamme
Tout est
éphémère
La seule loi
qui nous régit: tout ne fait que passer.
Dans la main
du temps
La peau de
soie de Belle
Se froisse
comme du papier
Quand les
paroles du pur poète
N’ont encore
aucun pli
Chopin, en
moi
Fait
murmurer la plainte
De l’arbre
qu’on déracine
L’argent
sucé au sang des pauvres
Aura nourri
quelles sangsues ?
Vieillir
Je puise
dans ma vie tous mes matériaux. Pour le Temps, je suis de la fumée de
cigarette.
Ma vie, mon
œuvre d’art
Mes
tiraillements d’amour
Mes échecs
répétés
Mes
trahisons
Ma pauvreté
vécue
Propulsent
mon imaginaire
Seul comme
un éléphanteau
Abandonné du
troupeau
Je recherche
une nouvelle fratrie
Malgré les
coups bas
Raide comme
une barre de fer
Ma plume suinte
ma vie
Seul
dérangement
Les chiens
aboient
Sur mon
passage
Mes chaînes
d’amour résonnent
À travers
mes textes
Je vieillis
pourtant
Je
disparaîtrai
Comme de la
fumée de cigarette
Un rebelle
Je suis un
dissident qui raille les délires de ceux qui se prétendent maîtres du savoir
comme les philosophes.
Rebelle
contre les idées reçues
Contre
toutes les idéologies de singe
De ces
maîtres-philosophes
Avec leurs
dogmes aux dents
Seul sur mon
île
Je bricole
mon bonheur
Avec ce que
je trouve
Quand l’ennui
gagne les autres
Je crée
Et si les
autres envient mon art
Je m’en
moque
Je n’ai
aucun mérite
Le poète
oiseau à large voilure
Plane
au-dessus de sa peur
Sachant que
s’il n’existait pas
Le Grand
Tout serait tout autre
Mon pays
Un artiste
doit avoir pour mission de défendre son pays et sa culture qui l’ont façonné.
J’ai un pays
qui naît, une langue, une culture
Comme
l’homme a un sexe
Je veux
faire reluire devant le monde
Le trophée
de ma nation
Sinon je
suis un déraciné
Un enfant
perdu
Qui erre de
par le vaste monde
Un faux
exilé
Qui traîne
son pays dans ses souliers
Un apatride
Qui lape les
cultures des autres
Un ingrat
fugitif
Reniant ses
frères
En riant de
leurs larmes
Un scribe
coeur-sec
Qui ignore
le lieu de sa naissance
Et qui n’a
pas de sang tribal
Un pauvre
Qui a oublié
le miel de son berceau
Le sein de
sa nourrice
Et qui tête
le suc des autres
Le premier
souffle
Le lancement
de mon premier recueil a été un échec.
Au loin le
fleuve poussait
Son long
chant de frimas
Et dans ce
café presque désert
Après un
bloc de silence
Devant
quatre ou cinq parents et amis
Tout au plus
Rassemblés
par devoir
La glace de
ma gêne éclate
Avec
quelques extraits
D’un poème
appris par cœur
Vibrant au
rythme de mon trac
Comme un
château de cartes
Qui
s’écroule
Mes espoirs
s’effondrèrent
Me laissant
nu
Abandonnerai-je
À mon
premier souffle public ?
Ou vais-je
dignement relever la tête ?
Le doute
Comme dans
le film « Les Plouffe » je me suis demandé : « Y a-t-il une place
pour les Ovide Plouffe de ce bas monde ? »
pour les Ovide Plouffe de ce bas monde ? »
Les autres
défient les ours
Avec leurs
cris d’Indiens
Et moi je
fuis mon ombre
Ils dévorent
le pain de l’amour
Comme des
affamés
Je vis seul
Mes parents
ne connaissent que l’étranger
En moi
Mes amis
voient l’insecte rare
Pris dans
leur filet social
Le cœur des
artistes
Me fait
vibrer plus
Qu’un cri
d’amour
Que vais-je
devenir?
Troisième
partie
Le souffle
de Spartacus
Tous les
artistes peuvent se réclamer de Spartacus.
Crissements
terribles de chaînes
Boucliers de
fer fendus
Spartacus
cadavre
La coquille
de la Terre éclate
Par son cri
d’affranchi
Souffle
irrésistible
Verrous des
médias qui se fracassent
Hommes à
genoux claquant des dents
Terreur et
frissons
Sur les eaux
dormantes
La parole
libre ne connaît
Nulle
prison, nulle muraille,
Nul lieu
Pour
l’étouffer
Les loups
aux crocs d’argent
Tremblent
Drone sonore
qui explose partout
Contre tous
les soumis
Comme
artiste
Le souffle
de Spartacus m’anime
Car la
rentabilité a remplacé la liberté
L’essentiel
Il me
fallait revenir à l’essentiel.
Adulte-enfant
Mains
menottées
Par la
religion et l’amour faux
La mort a
rompu le fil de soie
Qui me liait
à ma mère
J’ai vécu le
sevrage
Du départ de
Roxanne, de Geneviève
De mes
parents et d’amis chers
Maintenant,
j’avance
Comme un
bateau au long cours
Qui tient
son cap
Malgré la
météo mauvaise
Comme un
découvreur
Je traverse
des forêts inconnues
Je dors en
plein air
Souvenirs au
flanc
L’oreille
ouverte
Pour ceux
qui ferraillent
Contre les
jours de suie
Le cadeau
Je suis prêt
à donner la lune à ceux que j’aime.
Déballement
de cadeaux :
Paysages
d’automne
Sons de
cuivres
Phrases
blanches
Comme neige
Il fait fête
dans ma tête
Comme dans
un banquet
Telle une
belle fille
Reçoit l’or
de sa chevelure
Avec le clin
d’oeil du Soleil
J’ai reçu la
pauvreté en cadeau
Barre à
gauche toute !
Avenir
La société
capitaliste se désagrège, tous les économistes le prédisent.
Comme la
rosée d’un matin clair
Tomberont au
champ de déshonneur
Froufrous du
Vatican
Éclairs du
Pentagone
Et tous ces
soldats qui plombent
La terre
De même que
ces producteurs américains
Qui
soufflent fort sur la bougie
De notre
culture
La machine
capitaliste fera des cloques
Pendant que
j’irai danser pieds nus
Avec les
pauvres
La vie
quotidienne
Je pense que
ma mère me voyant heureux aurait finalement été très fière de mon choix de vie.
Ma mère me
souriait
Comme si
elle avait gagné le million
Pendant qu’à
ses pieds
Des enfants
se roulaient par terre
Elle se
tressait les cheveux en amoureuse
Qui veut
piéger son amoureux
Et pendant
que les enfants
Se
chamaillaient
Se criaient
des noms
Elle restait
impassible
Je dompte
mes souvenirs
Demain
Je serai
neuf comme la page blanche.
Je
caresserai la cuisse blanche de la Lune
Je boirai
l’écume des chutes
Je
dégusterai une tarte aux pommes
Le temps se
videra comme ma plume-fontaine
Des vieux
feront leur baroud d’honneur
Dans leur
tombe au salon funéraire
Avant qu’on
ne jette leur cadavre
Au fond d’un
trou
Le fer du
Soleil brulera ma peau
Des nuages
feront la sieste dans le ciel
Des oies
tailleront l’azur de leurs ailes blanches
Je marcherai
vers l’orage qui me blanchira
Vers la mer
qui me déportera
Et vers la
nuit qui me fondera
À ma
nouvelle Roxanne
Le sans-abri
Je pense
souvent à ceux que la société rejette comme des rebuts.
J’ai vu un
sans-abri en train de se noyer
Dans la rue
Les passants
détournant leur regard
Et moi, et
moi
Si l’on ne
m’avait nourri, blanchi, instruit
Je
pourrirais comme lui
Branche
cassée au bord du trottoir
Pour ce
frère
Hissons le
drapeau blanc
Ce n’est pas
de l’argent qu’il quête
C’est de
l’amour
Chaque jour
ses mains étreignent du vide
Et il jongle
avec des pensées bien étranges
Ce à quoi je
pense
Je vis la
vie dont j’avais rêvé pleinement.
De quoi
demain sera tissé ?
Après avoir
vécu inquiet
Trois saisons
de ma vie
Je souffle
sur le ballon rouge
De ma
souffrance
Quand
va-t-il éclater?
Ma mort sera
ma récompense
J’entends
rire Roxanne aux éclats
Que
reste-t-il ?
De notre
passage terrestre, il ne reste que des choses fumeuses.
À peine
quelques traces
L’encens des
voix
Des gestes
chauds
La foudre
des passions
Des traits
enrobés de brouillard
La chaîne
des poignées de main
Des corps
brûlant comme feux de joie
Des
souvenirs vagues
Des exemples
clairs
Et quand les
morts ont tout laissé
Absolument
tout
Ils désertent
leur tombe au cimetière
L’héritage
Mon baroud
d’honneur à ma mort : un dernier tour autour de ma fosse.
À ma mort
j’arriverai
En retard au
cimetière
Les cheveux
ébouriffés
Invisible
En murmurant
des douceurs
À l’oreille
des miens
Prêt pour voir
Le French
Cancan
De
l’héritage
Le Grand
Tout
J’ai hâte de
retrouver mes défunts.
Comme
nourriture
De la
poutine
De la
poussière
De la cendre
Avant de me
hisser
Sur la
banquise
Du Grand
Tout
Je
retrouverai mon nid
Exactement
Parmi des
millions d’autres
Et je
déploierai devant Roxanne
Devant les
miens
Et devant
mon mentor Spartacus
Mes
nouvelles ailes d’oiseau
Et dans
mille ans...
Que nous
réserve l’avenir?
Dans mille
ans à peine
Plus
personne ne parle à personne
Le lion de
l’Atlas ne rugit plus
Les juifs ne
craignent plus leurs bourreaux
Tout
s’étiole :
Les
défenseurs de la vérité
Les
pourfendeurs de la vertu
Papes, imams
ne commercent plus
Que des
cendres et des volcans morts...
Les idées
ont coulé
Comme de
grands fleuves
Qui
s’échouent dans la mer
Ciel qui
tonnerre et vibre encore
Laine
effilochée des nuages
Soleil et
étoiles
Braises
dorées
Sur écrin
noir
Le temps
n’existe plus
Tout le
silence est mort
Les villes à
fric
Les pays
gorgés d’argent
Les
politiciens frappés de vérole monétaire
Plus rien...
Le socle du
pouvoir a disparu
Et les
aiguilles ne tournent plus
Comme les
ailes d’un moulin à vent
Sous la
tempête
Le gros
coffret d’argent mondial
A coulé
comme le Titanic
Reste une
lumière blafarde
Et le
souffle encore tout brûlant de Spartacus
Allo cousin Denis, je viens de lire Le souffle de Spartacus. J'en ai perdu le souffle! C'est tellement prenant, émouvant, intense, honnête, etc... Je reconnais en toi un réel talent et je sais que tu ne recherches pas la gloire mais j'aimerais que ta poésie soit quand même reconnue, voire connue. J'ai beaucoup aimé ce que je viens de lire. Merci Denis! Lahana
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